vendredi 30 janvier 2015

Une nouvelle saison de naissances à la «Mare Aux Eléphants»



Les otaries subantarctiques (Arctocephalus tropicalis) viennent se reproduire en grand nombre sur les côtes accessibles de l’île d’Amsterdam.
 
Les naissances sur la mare aux éléphants (la colonie d’étude) débutent en même temps que l’été austral début décembre et s’échelonnent jusqu’à la mi-janvier. La reproduction à l’intérieur des harems (un mâle pour 2 à 10 femelles) débute à l’issue des mises bas. La femelle une fois fécondée ne verra son embryon se développer qu’à partir du mois d’avril et ce jusqu’au mois de décembre l’année d’après (c’est le phénomène de la diapause embryonnaire).
 

Cela lui permet d’assurer l’allaitement de son nouveau né, très gourmand les premières semaines. La femelle va assurer des voyages alimentaires de plus en plus longs et loin lors de la période d’élevage qui durera jusqu’à septembre. Elle peut parcourir des voyages de plusieurs centaines de kilomètres pour atteindre les zones de convergences très riches en proies. Les otaries y trouveront leurs proies préférentielles en grande quantité,  calmars et myctophydés principalement.

 

Durant cette période d’allaitement, les pups vont se regrouper en crèches et rester souvent aux mêmes endroits sur la zone d’étude. Certains pups ne survivront pas aux périodes de jeûne prolongées dues à des voyages alimentaires trop longs. Parfois même, leur mère ne reviendra jamais sur le site du fait de la prédation par des requins ou des orques. Le taux de mortalité chez les pups est estimé à 30%.


  
 



Sur le terrain, notre travail consiste à réaliser le suivi de croissance (pesées et mesures) et démographique (capture/marquage/recapture) d'un échantillon significatif d'individus.





 
 
 

L’intérêt à terme est de mettre en évidence le lien entre la survie des pups et les qualités individuelles de leurs mères (âge, expérience, état de santé…).





A ce travail quotidien s’ajoute celui de la pose de balise sur les femelles adultes. Ce sont de petites balises que l’on colle sur le poil de l’animal. Ces équipements vont nous informer sur les zones géographiques exploitées, sur les paramètres de plongée (profondeur, vitesse) et sur la température de l’eau notamment.


 
Romain & Hélène 
Ornitho Jedi & Ornithote Padawan
Experts en Arctocephalus tropicalis

samedi 17 janvier 2015

Huit moussaillons en escale


La dernière rotation 2014 du Marion Dufresne dans les districts subantarctiques a été l’occasion pour huit élèves et deux enseignantes du collège Albert Lougnon  de la Réunion, de découvrir ces contrées dans le cadre d’un partenariat TAAF/Education nationale. Initialement prévue du 21 au 23 décembre, l’escale à Amsterdam de nos collégiens a été réduite à la journée du 22 et à la nuit suivante du fait des conditions météorologiques défavorables n’ayant pas permis  au navire de débarquer de personnel la veille. Le programme d’activité des enfants, dimensionné pour deux journées complètes, avait pourtant été mitonné avec soins par l’équipe du district, cette mission inhabituelle étant particulièrement bien perçue. Les hivernants comme les campagnards d’été ont, chacun dans son domaine de compétence, rivalisé d’imagination pour offrir à nos jeunes visiteurs des petites séquences de découvertes originales à la fois techniques et ludiques. Le contenu du planning a évidemment souffert de la compression obligatoire, mais la reconfiguration est une seconde nature dans les terres australes, c’est bien connu, et nous avons fait avec.




La priorité dans les districts, c’est la sécurité. Et la sécurité des personnes, c’est le BCR (Bureau des Communications Radio). Première halte donc et première séance d’instruction pour nos jeunes qui appliqueront le protocole des « Coms » pour la suite de leur visite.
 




Et celle-ci se poursuit avec la visite de la GP (Gérance Postale). En clair, ils sont allés dire bonjour au facteur, personnage important sur le district, presqu’autant que les cuisiniers…
Nouvelles découvertes pour les collégiens : la gestion du courrier (et des colis !) via les passages du Marion Dufresne, les tampons spécifiques aux empreintes très prisés des collectionneurs, la philatélie, autre domaine d’excellence des TAAF…
Le rendez-vous suivant sort un peu de l’ordinaire, avec ses allures de marché aux poissons. Notre poissonnier en chef, accessoirement responsable des infrastructures de la base, accueille les enfants pour leur détailler sa passion en long, en large et en travers (il a fallu écourter la séquence) : techniques de pêche, ressource halieutique, réglementation, espèces, intérêt culinaire, mesure de la taille de l’emblématique langouste d’Amsterdam (avec un outil « maison » s’il vous plait)… Tout ou presque a été dit. Cerise sur le gâteau, chacun a eu le droit à un petit bouchon de canne à pêche personnalisé, cadeau de notre chef infra national qui, parait-il, a été menuisier à ses débuts.



On passe à l’atelier suivant. Mais pas en faisant n’importe quoi. La sécurité, vous vous rappelez ? « BCR, BCR de Lougnon pour contact radio »…

 Nous voici à la pépinière, haut lieu de la réintroduction du Phylica, seul arbre du monde subantarctique français et endémique à l’île d’Amsterdam. Mis à mal par les incendies successifs essentiellement liés à une activité humaine parfois mal maîtrisée sur le district depuis le 16ème siècle et sa découverte par Del Cano, le Phylica peine à retrouver sa place dans son milieu d’origine.
Explications d'Arnaud, l’un de nos deux agents de la réserve naturelle dont l’intervention s’achève par la plantation symbolique du Phylica « A.Lougnon » à proximité de la caserne des pompiers.


 

Passage obligatoire à Géophy, le bâtiment des scientifiques de l’IPEV (Institut Polaire Français Paul Emile Victor) où le Gener (logisticien généraliste) explique à un auditoire attentif les différents programmes d’étude développés à Saint Paul et Amsterdam : ornitho/écologie, sismologie, géomagnétisme, instrumentation, chimie de l’atmosphère et qualité de l’air.

 Et la visite continue avec, en particulier, la « Mosquée » et ses installations de production d’eau potable à partir du recueil des précipitations sur les différents toits de la base. 750m3, c’est la capacité de stockage maximale des citernes souples du district qui se traduit par une autonomie d’environ 5 mois pour un effectif de 20 personnes avec une utilisation raisonnée de la ressource. La gestion de l’eau est un souci constant à Martin de Viviès. Il y a eu des périodes difficiles par le passé… Ici encore, le circuit de l’eau est expliqué aux collégiens par Arnaud.



Nous voilà au « Jardin Météo ». Cet ancien tunnel de lave à été reconverti en mini verger/potager/jardin d’ornement depuis, probablement, les  débuts de l’installation de la base. Le site perdure pour le plus grand bonheur de tous, aujourd’hui des enfants, même si cette situation n’est pas vraiment dans l’esprit de la lutte contre les espèces introduites qui prévaut normalement dans les TAAF.



Avant d’aller saluer les otaries, le passage à la Résidence s’impose. Un petit coucou au chef de district ne peut pas nuire. C’est l’occasion de lui remettre, au nom de tout le collège et du comité de rédaction, des exemplaires du dernier numéro du Marduf, ce journal écrit et réalisé par l’établissement scolaire dans le cadre du partenariat déjà cité plus haut. Le Disams se voit également remettre un carton destiné à l’ensemble des hivernants et à n’ouvrir « qu’à Noël !», cadeau préparé et expédié par la 4ème « Amsterdam »,  classe référente du district. Le passage à la résidence est aussi l’occasion de laisser dans le livre d’or un mot, petit ou grand, selon l’inspiration du moment.




La fin de la journée approche, l’humidité nous gagne. Il est temps de passer voir les otaries avant de mettre tout ce petit monde au sec. Nous sommes en pleine saison de reproduction et les harems sont constitués. Gare aux intrus, la prudence est de rigueur. Les collégiens resteront donc à distance raisonnable des  « loups marins » comme les appelaient les chasseurs des 18 et 19ème siècles qui les ont décimés à tel point qu'à la fin de cette époque les otaries avaient pratiquement disparu du district.
« BCR, BCR de Lougnon, c’était vraiment trop bien Amsterdam. On revient quand vous voulez. Monique et Dominique sont d’accord. On vous embrasse tous ».

Un grand merci à vous les enfants                            
                                                                                                      Alain QUIVORON                            
                                                                      Disams